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Photo du rédacteurRage Girl

Les talons de la galère

Dernière mise à jour : 4 juin 2020


Ah les talons ! Symbole de la féminité, et tout l’attirail qui va avec. Généralement, avec le temps, ils rétrécissent. À 20 ans, on a des talons aiguilles de 15 cm, et à 40 ans, les talons sont tellement petits qu’ils sont à peine suggérés. C'est la résultante de toutes les expériences foireuses de ta vie.

Quand arrive l’âge adulte, et que tu peux enfin exprimer librement ta féminité, tu t’achètes des chaussures à talons pouvant s’apparenter à des échasses, et tu en es très fière. C’est là que ton pote Clément fête son birthday ; il a loué une big salle, avec DJ, pour l’événement. La super occas’ pour sortir toute ta panoplie de bomb biatch. Tu passes alors l’après-midi à te préparer, t’essayes en moyenne 30 tenues. En veux-tu en voilà de la cagole à gogo ! Puis, il faut que tu t’occupes de la coiffure et du maquillage. Aaaah ! Le maquillage. Trouver cet équilibre subtil entre naturel et sophistication. Après 3 h de préparation, tu es fin prête, perchée sur tes talons aiguilles qui te font un galbe de jambe magnifique et te redresse le boul. C’est parti pour la plus grosse soirée de merde que tu as toi-même générée. Et tu t’en rends très vite compte.

En 50 mètres jusqu’à la bagnole, tu as déjà tiré 15 fois sur ta robe moulante qui ne cesse de te remonter au-dessus du pompon, et tu sens déjà un point douloureux sous l’avant des pieds où se situe tout ton poids de corps. Mais tu es encore jeune et conne, tu te dis : "c’est un peu galère, mais ça va aller" (bouffonne).

Alors, quelqu’un peut-il m’expliquer comment certains spécimens, que tu croises en soirée, font pour garder une allure toujours fraîche, être à l’aise sur leurs talons aiguilles, et danser avec une jupe moulante qui semble coopérer sans bouger d'un centimètre ? Ces meufs-là, j’ai envie de les brûler.

Toi, t’as pas dépassé l’apéro que ton visage lutte pour continuer à sourire naturellement, alors qu’en réalité, tu es déjà en mode survie. T’as tellement mal que tu sens tes battements cardiaques entre tes doigts de pieds. Tu cherches un endroit pour t’asseoir et soulager la pression, mais il n'y a que 3 chaises pour 50 personnes. Tu fais donc une croix dessus, la larme à l’œil.

À 22 h, tu commences à fatiguer, et tu te frottes vigoureusement les yeux. Adieu maquillage subtil. Maintenant tu ne peux plus simuler la fraîcheur avec ta gueule de panda.

Sur la piste, les gens commencent à danser comme des petits fous. Toi, tu tentes péniblement de te déhancher pendant dix minutes, mais t’es juste sur-saoulée par ta robe de merde et tes godasses maudites. Va danser avec les pieds en charpie, perchée en équilibre, en te débattant avec ton cache-fion comme une hystérique. Wouah ! Putain, qu’est-ce qu’on s’éclate, nous les filles ! C’est d’ailleurs l’heure où tu fais des grimaces sur toutes les photos. T’aurais pourtant juré avoir souri avec ton plus beau profil.

Alors tu bois pour oublier, et tu attends le virage salvateur de la soirée : le moment où ton mec fait un pogo avec ses potes sur Indochine ou la chanson d’Hélène. C’est le signal que tout le monde est suffisamment déchiré pour ne plus se rendre compte que tes grolles ont giclé, et te voilà pieds nus, dans les flaques d’alcool et les mégots de clopes, en train de te démener sur le dance floor. Plus rien à foutre. T’en profites, parce que tu sais que, demain, tu vas pleurer ta race pour marcher du canapé aux toilettes, et tu vas envisager d’acheter un déambulateur. Quelque temps plus tard, tu retombes sur des photos de la soirée, et tu te rends compte que t’avais l’air super con, perchée sur tes échasses, le sourire crispé et maquillée comme une voiture volée. Oui, parce que le maquillage subtil, entre naturel et sophistication, n’existe pas quand tu es débutante. On ne t’y reprendra plus !


Mais le pire, c’est que tu réitères l’expérience, pensant améliorer les conditions. Les années passent, tu as 30 ans, et ta pote Jocelyne se marie. Ah bah, si c’est Jojo, il faut sortir la sape ! Tes talons sont moins hauts, car tu veux minimiser la douleur. Ta robe te donne une allure de femme naturellement belle, et en 10 ans tu as appris à te coiffer et te maquiller (merci les tutos). Une amie t’a dit qu’elle n’avait jamais mal aux pieds avec ses talons aiguilles, car elle achète toujours des chaussures "de qualité". Ok ! Tu as flashé sur de très belles chaussures à lanières (de qualité, bien sûr). Des talons genre sexy mature. Aaaaah les mariages ! C’est long c’est long, ces conneries du plus beau jour de sa vie. Entre la mairie, l’église, l’attente interminable en position statique, t’as beau avoir des chaussures de qualité (foutaise !), quand t’arrives au vin d’honneur en début de soirée, tes pieds sont déjà rouges, boudinés, les lanières en mode garrot et tes orteils ressemblent à des Knaki balls. Amis fétichistes, au revoir ! Mais, tu as appris à anticiper : tu as pris une petite paire de baskets dans ton sac ; enfin, dans ton bagage à main. Comme tes baskets ne vont pas avec la robe, tu as donc pris en plus : un pantalon, un top un peu brillant, ta trousse à maquillage, ton déo, ton parfum, tes épingles à cheveux, et une petite laine pour sortir fumer ta clope. Bref, tu ne t’emmerdes plus la vie avec tes chaussures, maintenant tu pars en voyage avec ta valise à chaque soirée. Pour peu qu’il y ait un vestiaire, la dame du vestiaire est ravie.


Et le temps passe encore, et t'as plus du tout envie de te faire chier avec tout ça. Une fois, j’ai même essayé le style baba cool sophistiqué en mariage. En vrai, le sarouel blanc avec les kickers rose, ça passe moyen dans un évènement bourgeois. J'ai pas réitéré.

Maintenant j’achète des chaussures de danse, hyper confort, tout petits talons, une esthétique rétro : des pompes de mémé quoi ! C'est dingue, aussi féministe et anti-conformiste que je sois, j’aime les chaussures à talons (paradoxe, quand tu nous tiens !). Je dois avoir au moins une trentaine de paires, mais je passe ma vie en baskets. Et pour fêter mes 40 ans cette année, j’ai mis de ravissantes boucles d’oreilles et ma plus belle paire de tongs.





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1 commentaire


maryse.esterle
16 oct. 2020

Très drôle ce post sur les talons et jupes moulantes ! Finalement faire la fête c'est pas si fun que ça... Étant beaucoup plus vieille que toi,chère Yuna,j'ai laissé tomber les talons depuis longtemps et ne moule plus rien, au profit du confort (la sagesse vient avec l'âge) et de la paix de mes vertèbres. Mais je ne portais guère tout ça quand j'étais (plus) jeune, car en effet, ce n'est pas commode, comme disait ma mère (encore plus vieille que moi). Et la séduction passe aussi par les pantalons larges et les baskets, surtout en ce moment, où courir sans masque devient hautement subversif !

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